Линия ИВЭКО — La Persistance du Signal

La Persistance du Signal

Dans cet environnement glacé, sans horizon et sans couleur, la Ligne demeure la seule chose encore en mouvement.

Elle traverse les zones désertées, les barres de béton, les ruelles sans voix. Les véhicules circulent comme des fantômes.

Leurs phares percent la brume, mais ne trouvent rien à éclairer. Parfois, on croit y voir des visages familiers à travers les vitres mais ils disparaissent aussitôt, avalés par la lumière artificielle.

Ici, les gens ne vivent plus ensemble : ils coexistent. Ils se frôlent sans se connaître, se croisent sans se parler. Ils avancent, chacun enfermé dans son propre silence.

L’amitié n’est plus qu’un souvenir de ce qu’elle aurait pu être. Elle n’a pas disparu par colère, mais par usure lentement, sans bruit, comme une ampoule qui s’éteint.

Les véhicules, eux, continuent de rouler. Ils ne ressentent rien, ne questionnent rien. Ils relient des lieux sans âme, transportent des corps sans regard.

Leur ronronnement constant est devenu la seule musique de ce monde.

Parfois, dans la nuit, un passager croit entendre une voix. Il lève les yeux, cherche quelqu’un mais il n’y a personne. Juste le son régulier du moteur, comme un cœur mécanique battant pour rien.

Et malgré tout, on continue. On prend place, on attend, on descend à la prochaine station. Parce que c’est tout ce qu’il reste à faire. Parce que s’arrêter serait admettre qu’on n’a plus de raison d’être.

Dans ce désert d’acier et de brume, la Ligne avance, inébranlable. Elle n’apporte ni chaleur, ni réconfort, mais elle maintient le mouvement.

Peut-être que c’est ça, la dernière forme d’amitié qu’il nous reste : avancer ensemble, séparément. Sans croire que quelqu’un nous attend à la prochaine station.

— Département de la Circulation Intérieure, Secteur 4

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